Danse Thérapie

Pour passer de l’idée d’un corps qui semble trahir à l’expérience d’un corps partenaire. 

Applications thérapeutiques de la danse-thérapie

Il semble que la danse-thérapie conviendrait aux gens de tout âge et de toute condition et serait utile entre autres pour favoriser la santé en général, l’image et l’estime de soi, et atténuer le stress, les peurs, l’anxiété, les tensions physiques et la douleur chronique. En groupe, la danse-thérapie favoriserait la réinsertion sociale, la prise de conscience de soi et de son espace et la création de liens affectifs. Elle procurerait également un sentiment de bien-être né du plaisir d’être en groupe.

Une méta-analyse publiée en 1996 a conclu à une efficacité possible de la danse-thérapie pour améliorer certaines variables physiologiques et psychologiques. Toutefois, les auteurs de cette méta-analyse soulignaient que la majorité des études portant sur la danse-thérapie comportait diverses anomalies méthodologiques, dont l’absence de groupes témoins, le petit nombre de sujets et l’utilisation d’instruments inadéquats pour mesurer les changements. Depuis, quelques études de meilleure qualité ont été publiées.

Recherches sur la danse thérapie

Améliorer la qualité de vie des patients atteints de cancer.

Un essai aléatoire portant sur 33 femmes ayant eu un diagnostic de cancer du sein dans les 5 dernières années et ayant terminé leurs traitements depuis au moins 6 mois a été publié en 2000. Les résultats ont indiqué que des séances de danse-thérapie, réalisées sur une période de 6 semaines, avaient eu un effet positif relativement à la vigueur, à la fatigue et à la somatisation. Cependant, aucun effet ne fut observé en ce qui concerne les variables de dépression, d’anxiété et d’humeur.

En 2005, 2 essais pilotes ont été publiés. Les résultats indiquent que des thérapies de 6 ou 12 semaines par la danse et le mouvement peuvent diminuer le niveau de stress et améliorer la qualité de vie des personnes atteintes ou en rémission de cancer.

Réduire le niveau d’anxiété. 

Une méta-analyse qui incluait 23 études au total, dont 5 évaluant les effets de la danse-thérapie sur le niveau d’anxiété, a été publiée en 1996. Elle a conclu que la danse-thérapie pourrait être efficace pour réduire l’anxiété, mais que les essais bien contrôlés pour l’affirmer avec certitude manquent. Depuis, 1 seul essai contrôlé a été publié (en 1999). Les résultats indiquent une diminution du niveau d’anxiété reliée aux examens chez des étudiants ayant suivis des séances de danse-thérapie pendant 2 semaines.

Diminuer les symptômes de dépression.

Un essai aléatoire portant sur 40 adolescentes souffrant de dépression d’intensité légère a évalué les effets d’un programme de 12 semaines de danse-thérapie. À la fin de l’expérimentation, les adolescentes du groupe danse-thérapie présentaient des diminutions de leurs symptômes de détresse psychologique, comparativement au groupe témoin. De plus, les concentrations de sérotonine et de dopamine, deux neurotransmetteurs, ont été favorablement modulées chez les adolescentes du programme de danse-thérapie.

Soulager les personnes souffrant de fibromyalgie. 

En incluant plusieurs dimensions de nature physique, émotionnelle, cognitive et culturelle, la danse-thérapie aurait théoriquement le potentiel de soulager les patients souffrant de fibromyalgie. Elle permettrait de réduire leur fatigue, leur stress et leur douleur. Un seul essai contrôlé a été publié en lien avec ce problème. Il portait sur 36 femmes souffrant de fibromyalgie. Aucun changement dans les concentrations sanguines de cortisol, une hormone de stress, n’a été observé chez les femmes du groupe danse-thérapie (une séance par semaine pendant 6 mois), comparativement au groupe témoin (aucune intervention). Les femmes du groupe danse-thérapie ont cependant rapporté des changements positifs en ce qui concerne la douleur qu’elles ressentaient, leur mobilité et leur énergie vitale.

Aider les patients souffrant de schizophrénie. 

En 2009, une revue systématique n’a recensé qu’une seule étude évaluant les effets de la danse-thérapie sur les symptômes de la schizophrénie chronique. Quarante-cinq patients, en plus de recevoir les soins usuels, ont été placés dans des groupes de danse-thérapie ou de counseling. Après 10 semaines, les patients du groupe danse étaient plus assidus aux séances de thérapie et ils présentaient moins de symptômes de la maladie. Après 4 mois, ces mêmes résultats ont été observés. Mais à cause du nombre élevé d’abandons dans les groupes (plus de 30 %), aucune conclusion ferme n’a pu être tirée.

Aider les patients atteints de la maladie de Parkinson. 

En 2009, 2 études ont évalué l’impact de la danse sociale (tango et valse) sur la mobilité fonctionnelle et l’équilibre de patients âgés atteints de la maladie de Parkinson. Les séances étaient soit condensées (1,5 heure, 5 jours par semaine pendant 2 semaines), soit espacées (20 heures réparties sur 13 semaines). Les résultats montrent des améliorations sur le plan de la mobilité fonctionnelle, de la démarche et de l’équilibre. Les auteurs concluent que des séances de danse, qu’elles soient condensées ou espacées, devraient d’être introduites dans le quotidien des individus atteints de Parkinson.

Améliorer l’équilibre des personnes âgées. 

En 2009, 2 recherches ont évalué l’effet d’une séance hebdomadaire de danse jazz chez des femmes en bonne santé, de plus de 50 ans. Quinze semaines de pratique, à raison d’une séance par semaine, ont amené des améliorations significatives de l’équilibre.

Histoire de la Danse-Thérapie

Elle a été développée par Marian Chacel, danseuse et chorégraphe, dans les années 1930. Après avoir été frustrée par les méthodes traditionnelles de traitement des troubles psychiques, elle a créé la danse thérapie comme forme alternative de traitement. Contrairement aux formes de danses traditionnelles, qui sont souvent axées sur la beauté et la performance, la danse thérapie moderne n’est pas axée sur l’esthétique ou le perfectionnement des mouvements.

La pratique de la danse thérapie a vu le jour dans les années 1940, bien que des pratiques moins formelles consistant à utiliser le mouvement pour atténuer le stress physique et émotionnel remontent à des milliers d’années. Elle repose sur l’hypothèse que tous les humains sont par nature créatifs. Pour cette raison, la danse thérapie vise à faciliter l’expression des sentiments par le mouvement plutôt que par les mots.

En novembre 2019, l’OMS étudiait pour la première fois dans un rapport détaillé les liens entre art et santé. Réunissant des données scientifiques récoltées dans le monde entier issues de plus de 900 sources, il s’agit d’une des études les plus complètes sur le sujet à ce jour. Elle reconnaît officiellement l’art comme bénéfique et agissant sur deux champs : celui de la santé mentale, et de la santé physique. Sur ce dernier plan, les arts de la scène, la danse notamment font figure de véritables traitements. Dans le cas des patients atteints de la maladie de Parkinson, il est prouvé scientifiquement depuis déjà plusieurs années que la danse permet d’améliorer significativement les scores moteurs des malades.

Il est finalement surprenant qu’une telle étude de l’OMS voie le jour aussi tardivement. Les expérimentations en matière d’art thérapie n’en sont en effet pas à leurs débuts. La danse thérapie s’est développée dès les années 40, et est intrinsèquement liée à la naissance et l’émergence de la danse moderne. Aux Etats Unis, c’est Marian Chace la pionnière en la matière qui fonde en 1960 l’Association de Danse Thérapie. Elle expérimente son travail thérapeutique d’abord à l’hôpital St Elizabeth à Washington, puis dans un établissement psychiatrique. Ses méthodes font rapidement leurs preuves et deviennent reconnues et recommandées par plusieurs psychiatres.

En Europe, c’est à peu près à la même époque que naît le mouvement, auquel s’intéressent Rudolf Laban, précurseur de la danse moderne en Allemagne, ou encore Mary Whitehouse. Cette dernière est notamment à l’origine du « mouvement authentique », une technique invitant les patients à marier mouvement et émotion, et à se laisser diriger par leur sensation et leur corps. Cette démarche d’intériorisation et de conscience de soi est aujourd’hui particulièrement présente aux Etats Unis.

La danse entretient corps et esprit, et nous apprend à cultiver le lâcher prise

Réinventer le milieu hospitalier par la danse

Et aujourd’hui ? Qui sont donc les héros faisant de la danse un outil de bien-être et de santé ? Ils investissent les hôpitaux, les maisons de retraite, les prisons et démocratisent un art qui paraît hors de portée pour beaucoup.

Loin des chorégraphes traditionnels, Thierry Thieû Niang a fait danser enfants, adolescents, seniors souffrant d’Alzheimer. C’est en travaillant avec le service psychiatrie des enfants autistes de l’hôpital 3bisf à Aix en Provence qu’il fusionne pour la première fois danse et soin. Il continuera ensuite son action dans d’autres unités hospitalières et dans d’autres milieux éloignés du monde de la danse. Dans le documentaire « Une Jeune fille de 90 ans » diffusé sur Arte, le chorégraphe anime un atelier de danse au service gériatrie de l’hôpital de Charles Foix à Ivry. Ce long métrage nous permet d’assister avec émotion et délicatesse à un véritable « réveil à la vie de femmes et d’hommes, à la redécouverte d’une sensualité profondément enfouie » grâce à la pratique de la danse. Mais le chorégraphe ne veut en aucun cas être assimilé à un thérapeute ou un soignant : « Je ne guéris rien mais j’accompagne un geste qui amène du présent, et ce présent c’est la vie. »

L’impact positif de la danse, source de dignité et de bien être pour les patients n’est plus à remettre en question. Dès le début des années 2000, une collaboration entre les ministères de la Culture et celui de la Santé a permis la naissance de missions telles que « Culture à l’hôpital ». Depuis, un appel à projet est lancé chaque année afin de favoriser l’émergence d’une politique culturelle au sein des établissements de santé d’Île de France. Pour Lazare Benaroyo, professeur de philosophie de la médecine à l’Université de Lausanne, l’intégration de l’art et la culture à la vie de l’hôpital fait de ce dernier un espace profondément éthique et humaniste. Cette humanisation offre une parenthèse aux patients, une bulle de liberté.

 

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